Origine de l’opération de gravure du nom de Jean Le Guillou , mort pour la France le 25 septembre 1915
En août 2014, la mairie d’Amance a reçu la demande d’inscription du Jean le Guillounom de Jean Le Guillou sur le monument aux morts. A cette demande était joint le document de l’armée attestant le décès. Ce document provient du registre d’état civil de Briec, il a été communiqué à la mairie d’Amance par Monsieur Daniel Le Meur (membre de l’association « Mémorial genweb », qui répertorie les monuments aux morts, memorialgenweb.org).
La gravure a été réalisée en novembre 2016, à l’occasion d’une restauration globale du site.
Article de l’Est Républicain, 12 novembre 2016
« Jean Le Guillou en lettres d’or »
Le monument aux morts d’Amance vient de faire l’objet de travaux de rénovation et les noms, devenus illisibles, ont été récemment redorés. Le nom de Jean Le Guillou, mort pendant la Grande Guerre, a y été ajouté. A la suite d’un jugement du tribunal civil de Nancy, son décès avait été reporté en 1922 sur le registre d’état civil d’Amance, avec la mention « mort pour la France ».
On sait peu de choses sur ce jeune homme, Il est mort à 19 ans le 25 septembre 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne), lors d’une terrible bataille, relatée dans les archives du 65e régiment d’infanterie auquel il appartenait. Ce village se trouvait dans le nord-est du département de la Marne, entre Reims et Verdun, et comptait 97 habitants en 1911. Entièrement anéanti, il n’a pas été reconstruit. Jean le Guillou était le fils de Jean Joseph le Guillou et de Marie Anne Rolland, et sur le registre d’Amance (voir texte ci-dessous), figure la mention « domicilié à Amance ».
Comme celle de tous ceux figurant sur ce monument, et sur la plaque dans l’église pour 14-18, sa mémoire est ainsi honorée.
Texte du document de l’armée attestant le décès de Jean Le Guillou :
« Le Guillou Jean, soldat du 65e régiment d’infanterie, classe 1916, matricule L1658, au recrutement à Nantes, est mort pour la France (disparu au combat) le 25 septembre 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne). Il était né le 22 mai 1896 à Briec (Finistère) de Jean Joseph et Rolland Marie Anne, domicilié à Amance.
Le tribunal de Nancy par son jugement du 23 janvier 1922 a fait porter la mention du décès sur le registre d’Amance. »
Extrait du registre des décès d’Amance (Meurthe et Moselle) 23 janvier 1922
« Extrait des minutes du greffe du tribunal civil de première instance de Nancy, département de Meurthe et Moselle, d’un jugement rendu en la chambre du conseil du tribunal civil de Nancy, première chambre, le 23 janvier 1922, sur la requête présentée par Monsieur le Procureur de la République, il a été extrait ce qui suit :
Le tribunal, vu la requête qui précède et les pièces produites à l’appui, (…) le président du siège en son rapport, faisant droit à ladite requête par les motifs qui y sont indiqués, déclare que Le Guillou Jean, né à Briec (Finistère) le 22 mai 1896, fils de Jean Joseph et de Rolland Marie Anne, célibataire, domicilié à Amance, soldat au soixante cinquième régiment d’infanterie, est décédé le 25 septembre 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne), MORT POUR LA FRANCE.
Ordonne que le présent jugement tiendra lieu d’acte de décès à Le Guillou Jean, qu’il sera transcrit sur les registres de la commune d’Amance, et que mention en sera faite en marge des dits registres à la date du 25 septembre 1915 ainsi que sur les tables décennales.
Jugé et prononcé en la chambre du conseil, par la première chambre du Tribunal civil de Nancy le 23 janvier 1922, présents messieurs Reiter, Président, chevalier de la légion d’honneur, Lori et Callay, juges suppléants (etc.).
Signé : le maire, A Ferry »
En marge : « Le Guillou Jean, célibataire, âgé de 18 ans, décédé le 25 septembre 1915 Mort pour la France –transcription »
Contexte de la bataille pendant laquelle est mort Jean Le Guillou
Le Mesnil-lès-Hurlus
Le Mesnil-lès-Hurlus se trouve dans le nord-est du département de la Marne, entre Reims et Verdun, le long de la route qui reliait Hurlus via Massiges à Ville-sur-Tourbe.
Le village du Mesnil-lès-Hurlus comptait 97 habitants en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, le village fut anéanti. Au cours de l’hiver 1915, s’est déroulée la première bataille de Champagne à proximité du village de Perthes-lès-Hurlus. Les combats, qui opposaient les troupes allemandes aux troupes françaises, russes et américaines, ne cesseront que le 9 octobre 1918 lorsque la 2e Division d’Infanterie américaine libère le territoire. Le village du Mesnil ne s’est jamais relevé, victime de cette guerre. Le village de Minaucourt par contre, a été entièrement reconstruit après la guerre.
Lors de la création du camp militaire de Suippes en 1950, la commune fut officiellement supprimée, et son territoire rattaché à la commune voisine de Minaucourt, qui prit alors le nom de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus pour perpétuer la mémoire du village disparu.
Texte tiré de « Historique du 65e RI (Anonyme, Charles Lavauzelles éditeur, 1920), page 6 »
« Le régiment occupe d’abord le secteur de Mesnil-les-Hurlus, qu’il organise en vue de l’attaque de la IIe armée. Secteur pénible où un adversaire prévenu gêne les travaux de tous les tirs de ses canons et de ses minenwerfer. Puis, le 25 septembre, il bondit avec une admirable fougue à l’attaque des positions allemandes. Derrière les premières vagues des bataillons d’attaque (bataillon Godat à droite, bataillon Pons à gauche) marche le colonel Desgrées du Loû, tenant dans ses mains le drapeau du régiment. L’élan de la troupe est splendide, mais les mitrailleuses ennemies font rage, décimant les compagnies, dont certaines sont en quelques minutes réduites à quelques hommes. Le colonel tombe, mortellement atteint: belle fin de soldat, frappé en pleine action à la tête de son unité. »